Chaque mois, EMMA et JEANNE met en lumière une ciotadenne inspirante. Aujourd’hui nous avons le plaisir de rencontrer Malika Mokadem. Malika nous donne rendez-vous dans l'hébergement insolite de Christophe et Claude « Nuit de rêve à La Ciotat ». C'est un lieu en pleine nature où Malika aime venir se ressourcer et « respirer ».

Bonjour Malika. Nous sommes curieux de mieux te connaitre. Qui se cache derrière cette silhouette longiligne et gracieuse au regard bienveillant? Comment te définis-tu?
Comme beaucoup, j’ai plusieurs facettes à ma personnalité. On dit toujours qu’on a trois personnes en soi: la personne qu’on est, la personne que les gens voient et la personne que l’on voudrait être. Au fond de moi, foncièrement, je suis un garçon manqué. Ce qui est assez en décalage avec mon physique un peu fragile et ma grande féminité. Je suis un petit bulldozer, un petit bouquetin, un petit garçon manqué qui a juste envie de vivre, faire des expériences et être accepté simplement comme un être humain et pas forcément comme une femme, et encore moins comme une femme sensuelle et jolie. Parce que je trouve que cela limite beaucoup ce que j’ai à apporter au monde. Ce petit garçon cherche à s’exprimer de plus en plus et cela vient avec un grand besoin de liberté, de simplement « être ».
Quand as tu réalisé que tu voulais redonner vie à cette belle endormie qu’est Le Rose Thé?
C’était un accident! On a commencé avec un premier projet avec mon mari, qui est le Tuba Club à Marseille. C’est la première fois qu’on se lançait dans un projet d’hôtel/restaurant; nous sommes partenaires financiers, plutôt silencieux dans cette affaire. Mais cette aventure m’a beaucoup plu, beaucoup excitée, beaucoup intéressée. Un jour, nous étions à la plage à La Vague à La Ciotat, et je voyais cet hôtel juste derrière, et je dis à Jean-François: « Un jour j’aimerais le racheter » et il me répond: « Vas-y! Va leur en parler ». Je suis allée voir timidement Sandrine qui me connaissait comme cliente depuis des années et je lui ai dit « si un jour tu décides de vendre, je suis acheteuse », et elle m’a répondu « parlons-en ». Un an plus tard, nous étions propriétaires. C’était presque écrit, c’est comme s’il m'avait attendue. C’est un lieu dans lequel j’ai toujours vécu des parties de ma vie. J’allais boire un chocolat chaud ou un thé, petite, avec ma grand-mère, ensuite j’y suis retournée adolescente pour boire mes premiers verres avec les potes de lycée, j’y ai vécu à mon retour des Etats Unis pendant 1 semaine, dans la chambre 10. Et, c’est là que mon mari venait me chercher pour nos premiers rendez-vous; puis j’y suis retournée, amoureuse, enceinte, avec ma fille, et aujourd’hui c’est ma fille qui y va avec ses copines. C’est donc un lieu qui représente toute l’histoire de ma vie et qui est comme un album photos de plein de souvenirs. C’est aussi ce que j’avais envie de recréer dans ce lieu, que les gens puissent se l’approprier et venir y vivre des histoires d’amours multiples et diverses: d’amour familial, d’amour filial, d’amour amoureux, d’amour même sensuel puisqu’on peut venir y faire une petite escapade amoureuse. L’hôtel est témoin de demandes en mariage, d’anniversaires de mariage, il y a des couples qui viennent depuis quarante ans boire leur café. Une histoire de vie, une histoire de souvenirs. Un lieu où est célébré l’amour sous toutes ses formes.
Quel est ton parcours scolaire et professionnel, et d’après toi comment cela t’a préparé pour une carrière aussi éclectique?
J’ai fait des études frustrées. Je voulais être actrice. Depuis toute petite je voulais faire du théâtre, de la danse, je m’épanouissais dans le domaine artistique. Mon Papa était plutôt sévère et il s’inquiétait de mon avenir. Il m’a dit: « Fais des études scientifiques et après je te paierai les cours Florent ». J’ai fini par faire des études qui étaient à l’opposé de ce que je souhaitais mais qui, finalement, m’ont appris plein de choses. J’ai commencé par un Bac scientifique, option biologie, puis je suis partie en biologie marine à Marseille sur le campus de Luminy, une première année catastrophique car c’était la première fois que je vivais en dehors de chez mes parents, j’ai donc découvert la liberté, Luminy, ses calanques, ses oursins, ses grottes et je n’allais donc pas beaucoup en cours. Parallèlement, je m’étais inscrite à un concours pour partir faire de la biologie marine aux Bahamas. J’ai été acceptée, mais mon père a refusé que je parte. J’ai donc lâché ma première année puis je me suis inscrite en sociologie car j’ai toujours été intéressée par l’humain. Puis, mon premier amoureux m’a brisé le coeur, j’ai donc décidé de partir aux Etats Unis chez les amis de ma grand-mère. A Berkeley, j’ai suivi un semestre d’été en « critical thinking & environment all thinking" puis à Golden Gate University où j’ai fait des études à la fois de marketing international et en parallèle les Beaux Arts. J’étais également acheteuse de vêtements en prêt à porter. Ce mélange d’études et d’expériences m’a permis d’étudier la finance, le business, le marketing et l’art.
Peux-tu nous présenter brièvement Le Rose Thé?
Le Rose Thé est un hôtel bar restaurant sur la plage de La Ciotat, avec une capacité de seulement quinze chambres mais avec une magnifique terrasse qui nous permet de recevoir une centaine de personnes pour boire un verre, déjeuner ou dîner. Cette année, nous avons lancé un concept de tapas pour permettre aux personnes qui veulent venir profiter de la terrasse, sans forcément faire un vrai dîner, et ainsi passer un bon moment entre amis ou en famille. Chaque chambre est différente et a été décorée par Roxane, notre décoratrice d’intérieur. Les fenêtres permettent à ses occupants de profiter de la mer et de la nature avec un dégradé de bleus (celui du ciel, de la mer), de verts et de roses poudrés. C’est un boutique hôtel qui est géré par seulement dix-sept personnes, et qui est ouvert aux ciotadens, aux touristes, aux voisins qui habitent dans le quartier des plages. C’est un lieu de vie.
Hôtel Rose Thé
Les questions suivantes répondent au questionnaire de Proust, dans une version allégée par nos soins:
Le principal trait de mon caractère
Jusqu’à peu de temps, ma valeur première était la liberté ce qui me donnait plutôt un caractère particulier de frondeuse, jusqu’au boutiste, parfois dure. Et aujourd’hui ma valeur s’est étoffée avec le respect. La base de ma vie est le respect. En effet, je n’ai plus besoin de comprendre pourquoi les gens font les choses. Et le respect emmène la bienveillance.
La qualité que je désire chez un homme
L’humour. Et l’auto-dérision. J’ai beaucoup de mal avec les gens qui se prennent beaucoup trop au sérieux. Ça m’emmerde (sic). Et c’est dommage car on rate la plus belle partie de sa vie lorsqu’on n’est pas capable de rire de soi-même.
La qualité que je préfère chez une femme
J’ai du mal à faire la différence entre l’homme et la femme. Donc pour l’être humain en général, je dirais la bienveillance. La société oblige les femmes à être bienveillantes, les hommes ont plus de liberté à être égoïstes, donc je dirais l’égoïsme pour une femme.
Ce que j’apprécie le plus chez mes amis
Qu’ils m’acceptent telle que je suis et qu’ils m’aiment telle que je suis. Parce qu’on peut accepter les gens sans les aimer, donc que l’on m’aime telle que je suis.
Mon principal défaut
Le perfectionnisme que j’attends de moi-même et des autres. Il est difficile de l’atténuer. Le perfectionnisme est néanmoins un cadeau car on parle, on ne laisse pas les gens dans le doute. C’est un défaut qui permet d’être meilleur. En revanche, je ne le suis pas du tout avec ma fille, à qui je laisse une liberté complète d’être. La seule chose que je lui demande est de faire de son mieux. Ce qui est déjà une forme de perfectionnisme.
Mon occupation préférée
La contemplation. Que ce soit en lisant un livre ou en dessinant, ou en regardant la nature, en écoutant les vagues. A une période de ma vie je devais toujours être dans l’action, il fallait toujours que je fasse. Je me suis vite rendue compte que c’était une manière d’arrêter de réfléchir. On ne fait jamais autant que lorsqu’on ne fait rien.

Mon rêve de bonheur
La plénitude. Arriver à un moment où je suis complètement en accord avec moi-même et avec ce qui m’entoure. Arriver à être au bon endroit.
Ce que je voudrais être
Un oiseau ou un dauphin. L’idée qu’ils soient libres. Avant j’aurais aimé être une tortue, me balader avec ma maison sur le dos, je rêvais d’avoir une caravane ou une roulotte, mais aujourd’hui j’aspire à encore plus de liberté. Même la caravane ou la roulotte deviennent un poids. Pouvoir partir quand l’envie m’en prend en laissant tout derrière.
Mes héros/héroïnes dans la fiction
Catherine Earnshaw dans Les Hauts de Hurlevent d'Emily Brontë qui est mon livre préféré. J’aime les héroïnes intègres, prêtes à tout perdre pour rester elles-mêmes.
Mes héros/héroïnes dans la vie réelle
Frida Kahlo, Georgia O’Keeffe, Simone de Beauvoir. Toutes ces femmes, qui malgré les jugements et le poids des conventions ont décidé de vivre leur intériorité et de se détacher de ce que la société pouvait attendre d’elles.
Ma devise
"Respire". C’est une phrase que j’aime beaucoup utiliser et que je me dis à moi-même. Prendre du recul quand on est stressé et respirer. Je pratique la méditation et le yin yoga et je me laisse porter.
Que dirais tu aujourd’hui à la Malika enfant?
"Souris à la vie même à travers les épreuves."
Pourquoi La Ciotat et pas ailleurs?
Dans un livre dont j’ai oublié le nom, il est dit qu’à un moment de sa vie, on a besoin de retrouver les odeurs, les vues, les sensations qu’on a connues enfant et c’est vrai qu’il y a une forme de douceur quand on revient là-dedans. Je crois que j’avais envie de douceur, retourner voir sa mère, sa famille, les souvenirs, de se retrouver. A ce moment de ma vie, j’avais besoin de me retrouver.
Mon endroit préféré à La Ciotat?
L’endroit peut changer en fonction de mon humeur du moment. Mais je me sens bien en bord de mer et notamment au Liouquet où je fais des pique-nique, des oursinades au soleil, avec une petite bouteille de blanc et des amis.
En centre-ville, j'aime aller rendre visite à Emilie & Idir chez Le Traiteur, rue des Poilus et à Caroline à La boutique La Fontaine, place Sadi Carnot.
Quels sont tes projets?
Cela fait très longtemps que j’ai envie d’écrire. J’ai commencé plusieurs livres. Je n’ai pas encore trouvé la bonne approche mais j’ai envie de faire un livre avec un mélange de textes, de photos et d’expériences.
Quel rapport entretiens-tu avec les bijoux?
Pour moi le bijou est une armure, une protection, une extension... Encore plus que les vêtements car il reste au creux du cou, autour du poignet... Il y a un côté entrave aussi... lorsqu'il a du sens et qu'il est choisi ou offert il se remplit d'énergie, la sienne, celle de celui qui te l'offre, et de l'instant particulier où il est venu se poser sur la peau. Parfois d'ailleurs on l'abandonne quelques jours.
Pourrais-tu nous donner ton coup de coeur dans notre collection?
Le collier La Fortune et la Médaille Jeanne gravée liberté.
Collier La Fortune Bracelet India Collier Le Veilleur
Le Rose Thé
247, boulevard Beaurivage
13600 La Ciotat
04 42 83 09 23
Malika porte:
le Collier La Fortune
le Collier Le Veilleur
le Bracelet India en rhononites