Chaque mois, EMMA et JEANNE met en lumière une ciotadenne inspirante. Aujourd’hui nous avons la joie de faire le portrait de Léa Lecointe, fondatrice et propriétaire de la maison d’hôtes Maison Acacia et du café éponyme Café Acacia.
Léa, Tom et leurs enfants sont nos voisins, et j’ai la chance de passer beaucoup de mon temps dans leur adorable café boutique Café Acacia. Léa est la douceur et l’empathie incarnées, elle a toujours la parole gentille et attentionnée. Elle me donne rendez-vous place Sadi Carnot, un lundi, au calme sous les magnolias, près de la Fontaine.
Léa, place Sadi Carnot
Bonjour Léa. Les ciotadennes et ciotadens se pressent pour s’attabler au Café Acacia pour déguster une de tes merveilleuses pâtisseries et pour profiter d’un moment de quiétude. On te devine maman louve et entrepreneuse, mais, toi, Léa, comment te définis-tu?
Avant tout je suis une grande aventurière et une voyageuse. Je l’ai été pendant des années et j’ai eu la chance de m’imprégner d’une multitude d’endroits. J’ai d’ailleurs failli poser mes valises dans de nombreux lieux dans lesquels je suis allée et j’aurais pu avoir une toute autre vie que celle que j’ai ici en tant que ciotadenne. En fait, tous les voyages que j’ai pu faire m’ont permis de m’imprégner de tout ce que j’aimais dans l’expérience de l’hospitalité et dans le réconfort des lieux de passage, et c’est grâce à tout ce vécu que j’ai pu donner naissance à Maison Acacia. C’est comme si j’étais allée chercher aux quatre coins du monde des idées et des inspirations pour devenir la femme que je suis. Par ailleurs, j’ai un côté multiculturel par mes origines, je suis donc allée chercher partout des réponses à mes questions, trouver mes racines, pourquoi j’avais ce côté hispanique, pourquoi je m’inspirais de tous ces endroits chaleureux et réconfortants. Je n’ai pas tout de suite trouvé ce que j’allais faire de tout cela, mais quand j’ai rencontré Tom, nous avons naturellement pris un chemin, ensemble, inspiré et guidé par tout ce que nous aimions faire et vivre comme expérience. C’est comme si la personne nomade que j’étais pendant des années s’était muée en la personne que je suis aujourd’hui: pas seulement en tant qu’entrepreneuse, mais aussi ma personnalité et mon caractère qui se caractérisent par une ouverture d’esprit importante, une grande tolérance et, comme tu l’as dit, une douceur. J’ai en effet été ballottée dans tous les sens par mes parents puis par moi-même. Mais aujourd’hui, je suis très ancrée, très posée. Je ne suis pas assoiffée de plein de choses, mais plutôt heureuse de m’être posée ici, à La Ciotat, ville qui correspond à mes valeurs de douceur, de bienveillance, de repères, de chaleur humaine, de salutations quotidiennes et de tout ce que le Sud a de bon à apporter quand on cherche un endroit idéal à une bonne santé mentale.
L’agitation qui m’a accompagnée pendant des années s’est muée en un calme et une douceur de vivre depuis que nous sommes installés à La Ciotat.
Quand as tu réalisé que tu voulais créer ta propre maison d’hôtes?
Nous avons fait presque un tour du monde avec Tom. J’étais photographe et j’étais envoyée dans de nombreux pays pour faire des photos de lieux et particulièrement d’hôtels, de chambres d’hôtes et de tous types de projets d’hébergement. J’ai vu tellement d’endroits et à de nombreuses reprises j’ai eu envie de reprendre certains lieux ou de créer mon lieu à moi.
Cette expérience nous a permis d’apprendre le meilleur, les bonnes idées, comprendre les clés et les rouages de l’hospitalité pour rendre un séjour idéal pour chaque typologie de clients. A cette époque, nous avons eu notre fille Java et nous nous sommes installés à Marseille. Nous avions acheté une maison un peu trop grande pour nous trois. Une partie de la maison était exploitable pour créer un petit logement au fond du jardin. Cette chambre a été une sorte de brouillon pour créer notre projet d’hospitalité.
Nous avons eu un coup de coeur pour ce métier. Il n’était pas question de nous cantonner à la facilité ou au banal, mais, au contraire, nous avons décidé de créer de nombreuses attentions personnalisées pour chacun de nos voyageurs. Nous avons pris goût de toujours apporter une petite différence par rapport aux autres offres de logement simple. Nous avons aimé partager notre maison, en période de COVID, durant laquelle au contraire, tout le monde fermait ses portes… Nous avons eu plaisir à ouvrir notre maison et à rencontrer des personnes charmantes et enrichissantes. A l’époque, nous étions déjà très « kids friendly » et nous avions régulièrement cette typologie de clientèle joyeuse qui vit dans le brouhaha de la famille… Nous avons aussi ouvert une table pour nos hôtes le soir: Tom préparait et servait des daurades et des plats méditerranéens. Parallèlement, nous avions gardé nos activités professionnelles Tom et moi.
Cette expérience marseillaise a été très enrichissante; et ensuite, nous avons eu la bougeotte et le souhait de trouver un projet de plus grande ampleur.
Maison Acacia - 24 rue Gueymard - La Ciotat
Quel est ton parcours scolaire et professionnel, et d’après toi comment cela t’a préparée à une carrière dans l’hospitalité ?
Mon parcours scolaire a été chaotique. On dit souvent que certains enfants ne sont pas faits pour l’école ou inversement que l’école n’est pas faite pour certains enfants. J’étais une mauvaise élève, j’ai redoublé plusieurs fois, j’ai même été exclue de certaines écoles. Mais j’ai eu la chance d’avoir des parents extraordinaires et attentifs qui ont vite compris que j’étais dans la capacité de faire certaines choses, mais pas d’autres. Nous avons dévié ensemble mon parcours scolaire vers une section arts / études dans le quartier Montorgueil à Paris. Cette formation divisait mon temps entre des matières traditionnelles et des matières artistiques comme le dessin, la sculpture, l’infographie, la peinture et l’histoire de l’art. Ces matières artistiques me plaisaient beaucoup et m’ont incitée à performer dans les matières plus scolaires. J’avais alors une réelle motivation pour réussir. Mes parents ont vite pris conscience que j’étais très attentive aux détails, aux moindres changements opérés dans nos maisons, j’avais ce sens de l’esthétisme et de l’art de vivre, déjà très prononcé à l’époque. Maman l’a facilement conscientisé et accepté alors que mon père était plus sceptique au départ. Dans ce nouveau lycée, j’ai pu rencontrer des gens comme moi, je n’étais alors plus un ovni dans ma petite école privée de Boulogne Billancourt. J’évoluais avec des gens passionnés avec qui je partageais une langue commune. Très vite, j’ai développé mon mode d’expression autour du collage. Puis je me suis tournée assez naturellement vers la photographie avec mon premier appareil photo sophistiqué offert à l’âge de 18 ans. La photographie est alors devenue une vocation et une passion, puis mon métier.
J’ai donc finalement obtenu mon bac faisant ainsi taire les enseignantes mauvaises langues qui me vouaient à un échec scolaire prémédité…
Je me suis quand même interrogée sur le métier de commissaire priseur, j’étais passionnée d’histoire de l’art et mon père m’emmenait beaucoup à Drouot et aux puces. Tout cela m’a bien évidemment apporté beaucoup pour mon activité professionnelle actuelle.
Il y a donc eu un alignement entre l’autorisation d’intégrer une école faite pour moi, des parents qui me faisaient confiance et qui avaient décelé une fibre artistique en moi et une volonté personnelle de faire mes preuves. Je renouais enfin avec la réussite et j’avais d’ailleurs gagné un concours de photographie m’offrant l’opportunité de faire ma première exposition.
Lorsque j’ai rencontré Tom et que nous avons choisi de lancer notre activité d’hospitalité j’ai compris que mon activité de photographe serait un atout précieux pour embellir nos projets et partager nos activités.
Peux tu nous présenter Maison Acacia et Café Acacia, leurs histoires et leurs différentes activités?
Maison Acacia est née en 2020 en plein COVID, suite de ce fameux « brouillon » marseillais. C’est un projet de plus grande ampleur: quatre chambre d’hôtes à l’origine plus une cinquième aujourd’hui. Maison Acacia est une maison de ville située dans le centre historique de La Ciotat, totalement adaptée à recevoir du monde car facilement partagée entre nous et nos clients. Nous avons acheté cette maison avec Tom qui existait déjà en tant que maison d’hôtes, il était donc facile de nous projeter en tant que propriétaires partageant un lieu avec nos clients. Nous l’avons rebaptisée Maison Acacia car un grand Acacia occupe le patio et cet arbre majestueux est visible depuis chaque fenêtre de la maison. Nous avons décidé de briser les codes: ce n’est ni une maison d’hôtes, ni un airbnb, ni un hôtel. Nous avions la volonté de nous simplifier la gestion de la maison. C’est un endroit à la fois très accueillant et très incarné, mais dans lequel nous ne sommes pas présents tous les jours. C’est un endroit très libre, accessible par un code, dans lequel la circulation est très libre; nous y vivons avec nos enfants, mais aussi nos clients, leur famille et leurs amis. C’est une sorte d’auberge espagnole locale dans laquelle nous ne sommes pas toujours présents car nous tenons à notre liberté, à notre vie de famille et nous souhaitons continuer à voyager tout en laissant notre maison ouverte. Nous avons un rapport de confiance assez important avec nos clients. Tout est toujours ouvert, on laisse nos vélos en bas, je laisse mon sac…Nous avons instauré un climat de confiance et de fluidité. C’est un lieu vivant mais ouvert uniquement aux personnes qui séjournent à la maison. Ce n’est pas un lieu qui se visite et c’est d’ailleurs ce constat qui nous a donné envie d’avoir, en complément, un projet local pour faire rentrer les habitants de La Ciotat dans notre univers. En effet, lorsque nous sommes arrivés ici, nous avons été tellement bien accueillis par les gens du centre-ville (commerçants et habitants), que nous avons souhaité créer un lieu pour les ciotadens et pour nos clients qui ont envie de prolonger l’expérience. Il nous fallait donc une adresse avec une porte ouverte! Très vite nous avons trouvé un local qui donnait dans notre patio et qui était vacant. Ce local nous attendait et nous l’avons ouvert un an après avoir ouvert la Maison.
Ces deux adresses se complètent parfaitement et sont faites pour aller l’une avec l’autre. Les clients qui séjournent à la maison vont systématiquement visiter le café et les clients du café connaissent l’existence de la Maison. Ce duo de projets fonctionne très bien!
Le Café Acacia - 9 rue Maréchal Joffre - La Ciotat
Les délicieuses patisseries du Café
Le Café Acacia
Les questions suivantes répondent au questionnaire de Proust, dans une version allégée par nos soins.
Léa, Tom & leurs filles Java et India
Maison Acacia
Léa devant son café
Le principal trait de mon caractère
Je suis réconfortante.
La qualité que je désire chez un homme
La stabilité. La constance. Une personne qui ne me met pas dans une insécurité d’humeur, de névrose ou de choses qui viendrait parasiter un équilibre que j’ai mis du temps à trouver.
La qualité que je préfère chez une femme
J’aime quand les femmes sont ancrées, en phase avec elles-mêmes, quand elles ne sont pas dans un jeu de masques ou de superficialité. J’ai la chance d’avoir une mère qui se moque du regard des autres, qui a eu mille vies mais qui reste ancrée. Et c’est ce modèle que je souhaite transmettre à mes filles. Des femmes honnêtes avec elles-mêmes qui font preuve de sororité naturelle.
Le don de la nature que j’aimerais avoir
Etre invisible. Je suis pudique et discrète et parfois j’aimerais m’effacer, tout en étant là. Quand je faisais beaucoup de photos je me disais que je pourrais faire des photos incroyables si je pouvais capturer des instants sans être vue. Je n’ai jamais osé faire des portraits car je suis très pudique.
Mon principal défaut
L’impatience. J’ai fait tellement de choses ces dernières années que lorsque nous pensons à un projet j’ai hâte qu’il voit le jour et qu’il se concrétise. Je le suis aussi dans ma vie privée, avec mes filles. Nous faisons beaucoup de choses dans la journée et j’aime que notre quotidien soit rythmé. Néanmoins, j’essaie de me tempérer en faisant de la méditation une ou deux fois par semaine.
Mon occupation préférée
Je suis contemplative et La Ciotat s’y prête beaucoup. J’aime m’asseoir dans un café et regarder les gens, être dans mes pensées et observer la ville… J’aime aussi ne rien faire, avoir un moment de calme et de silence…
Mon rêve de bonheur
Ma vie est proche de l’idéal que j’en avais. Mais si j’avais un bonheur supplémentaire à avoir ce serait de voyager avec Tom et les filles, plus que ce qu’on ne le fait aujourd’hui.
J’aurais aimé partir un an, déscolariser les filles et vivre une aventure pour toujours. Partager les voyages avec ma famille est un idéal. Quand on voyage tous les quatre je voudrais que ces moments ne s’arrêtent jamais! Partir faire une grande aventure une fois par an et leur faire découvrir le monde, comme mes parents me l’ont fait découvrir.
Ce que je voudrais être
La meilleure version possible de ce que je suis aujourd’hui. C’est à dire continuer à avoir cette casquette qui s’interchange dans une journée: mener à bien nos projets, être présente pour mes filles, pour Tom et pour moi-même. Et dans une autre vie, j’aurais aimé être réalisatrice de films. Peut être un jour…
Mes héros/héroïnes dans la fiction
J’aime beaucoup les super-héros, notamment Tony Stark qui a cette démesure et cette folie en lui, mais tout en souhaitant sauver l’humanité.
J’adore aussi Catwoman, très discrète mais toujours à vouloir accomplir des missions avec finesse.
Mes héros/héroïnes dans la vie réelle
Frida Kahlo qui a su complètement s’émanciper du regard des autres. Une artiste et une femme malmenée qui a toujours su rebondir, tellement fidèle à elle-même toute sa vie.
Mon père m’a aussi appris à aimer Pablo Picasso, personnage changeant qui a exploré des périodes extrêmes. Sa stature artistique m’a toujours beaucoup impressionnée.
Ma devise
Je crois beaucoup au karma et j’ai d’ailleurs expérimenté à plusieurs reprises ses effets. La fameuse loi de l’attraction: « le bon attire le bon ». J’essaie d’être la plus bienveillante possible, même si je ne suis pas irréprochable. « On récolte ce que l’on sème ».
Cette croyance me fait prendre des décisions en prenant conscience des conséquences qu’elles peuvent avoir.
Ce que je déteste par dessus tout
Le changement trop brutal. Je suis mélancolique et j’ai besoin de stabilité. La versatilité me met en insécurité.
Pourquoi La Ciotat et pas ailleurs?
Nous avons vécu à Marseille, nous avons visité ailleurs mais nous n’avons jamais trouvé ce que nous avons ici à savoir: la proximité avec les calanques, le vieux port et les bords de mer. C’est une réelle vie de village pour tout ce que cela représente de bon. Cette fraternité, le fait que je laisse mes filles rentrer à pied sans me poser de questions, je laisse mon vélo devant le café… La Ciotat est aussi une ville avec une vraie richesse culturelle: théâtre, cinémas, des commerçants ouverts toute l’année. La Ciotat est fraternelle, soudée et elle offre cette qualité de vie toute l’année! D’un point de vue philosophique, j’aime la lumière de la ville et ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le premier film de cinéma a été tourné ici. Il y a un je ne sais quoi de grisant, de lumineux, avec ce ciel bleu présent presque tous les jours.
Je me sens d’ici maintenant!
Ton endroit préféré à La Ciotat?
La place Sadi Carnot. Pour moi c’est l’image du Sud, se retrouver autour d’une fontaine. C’est aussi l’image de la dolce vita avec toutes les rues qui convergent ici. J’aime profondément être chez Molto Mucho. India a également fait ses premiers pas ici. J’aime regarder les filles faire du vélo en toute sécurité sur la place. Et quelle que soit la rue par laquelle on arrive sur la place il y a toujours cet effet waouh. Même lorsqu'elle est vide comme aujourd’hui il y a ce truc magique de vieux film italien, de Méditerranée… La place reste symbole de l’endroit réconfortant où l’on se donne toujours rendez-vous.
Quels sont tes projets?
A court terme on aimerait ouvrir un troisième lieu qui viendrait s’emboiter aux deux autres et qui aurait sa place dans notre quartier.
A long terme, nous aimerions avoir un premier hôtel avec huit chambres, pour nos quarante ans, dans une dizaine d’années…
Nous avons aussi créé des franchises de conseil, décoration et aménagement d’Airbnb avec des outils clés en main que l’on met à disposition des propriétaires qui souhaitent dupliquer le concept « By Maison Acacia ».
Quel rapport entretiens-tu avec les bijoux?
J’ai longtemps été désintéressée de cette partie de la féminité puis j’ai reçu mes premiers beaux bijoux comme ma bague de fiançailles, ma première montre. J’ai toujours eu des boucles d’oreille, mais depuis dix ans, je porte des bracelets et des bagues en or, j’ai plaisir à en offrir et à en recevoir. J’aime les bijoux fins, délicats que je range précieusement dans ma boîte à bijoux. Je ne pose jamais mes bagues. Ma mère et ma grand-mère ont toujours porté des bijoux et j’ai toujours vu cela comme quelque chose de très féminin, de préciosité que l’on se transmet de mère en fille.
Pourrais tu nous donner ton coup de coeur dans notre collection?
La Médaille Emma que j’ai faite graver aux prénoms de mes filles Java et India. La gravure recto/verso change de côté au hasard de mes journées. J’aime ce jeu d’apparition varié de l’un ou l’autre de leurs prénoms.
La médaille gravée de Léa
Le Collier l’Attrape Coeur est ma pièce préférée de la collection.
Le Collier L'Attrape Coeur
Edit:
A l'heure où nous publions notre portrait, Léa et Tom ont décidé de mettre en vente la Maison Acacia afin d'écrire une nouvelle page de leur vie.
Nous espérons que les prochains propriétaires sauront faire perdurer l'âme si particulière de cette maison de famille, et nous aurons plaisir à les retrouver au Café Acacia.
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